Les 3 réflexes archaïques de protection et leur impact retentissant sur notre vie d’adulte

La vie nous a dotés d’outils de protection dès notre plus jeune âge. Extrêmement tôt même, avec une première réaction primaire au stress intervenant dès la cinquième semaine après fécondation ! Son nom parle de lui-même : « le réflexe de paralysie par la peur », encore appelé « réflexe de peur paralysante ».

1. Le réflexe de paralysie par la peur (RPP), point trop n'en faut !

Il s’agit de notre tout premier mouvement réflexe archaïque. Quand l’embryon sent quelque chose qui s’approche de lui, surtout au niveau de sa future bouche, il se replie sur lui-même, se retire plus profondément dans la matrice utérine, comme pour éviter la stimulation, et se fige. Comme le lapin pétrifié de peur, la nuit, sous les phares de la voiture, incapable de bouger.

Ce réflexe s’active en cas de stress physiques (accidents, chocs violents au niveau du ventre de la mère, vomissements répétés du 1er trimestre de grossesse). Mais il peut aussi s’activer en cas de stress émotionnel (peur de perdre le bébé, grossesse non prévue, stress de la vie courante…). En effet, la biochimie de la mère impacte le bébé via les hormones de stress. Pour certains auteurs, il faut même aller chercher les sources de stress encore plus loin, avec les ondes électromagnétiques, l’intoxication aux métaux lourds ou autres substances (médicaments, additifs, drogues, tabac, alcool…)

Heureusement quand tout va bien, ce reflexe va en quelques semaines s’intégrer à un réflexe de protection plus mature, le réflexe de MORO. Et le RPP pourra se réactiver bien plus tard, de façon exceptionnelle, et à bon escient, quand notre vie est menacée, en cas de gros choc physique ou émotionnel (accidents, tremblement de terre…)

Mais s’il y a trop de stress pendant la grossesse, notamment durant le premier trimestre, ou pendant l’accouchement, ce réflexe va être hyperactif et peut anormalement perdurer au delà de l’âge normal.

Il aura alors une empreinte émotionnelle forte tout au long de notre vie, nous mettant en retrait des autres et nous coupant de nos propres sensations.

L’enfant ou l’adulte, sous l’influence d’un RPP persistant, a tendance à se replier sur lui-même. Il se projette souvent dans les pires scénarii avec des « et si » défavorables, soutenus par la peur inconsciente de mourir.

Il a parfois le mal des transports car son oreille interne n’a pas été assez stimulée pendant la grossesse à cause du figement engendré par le RPP.

Ses épaules sont rentrées, sa voix fluette et parfois, alors qu’il faut restituer une information connue devant un groupe, c’est la fameuse page blanche, aucun son ne parvient à sortir de sa bouche, c’est le flou le plus total dans sa tête.

Il peine parfois à soutenir le regard des autres, le sien est fuyant. Il ne peut s’empêcher de rire nerveusement, parfois un sourire accroché à ses lèvres, un peu figé. Il ira même, dans certains cas, jusqu’à développer des phobies, notamment de l’agoraphobie et ne se sentira vraiment bien que chez lui, seul. 

Sous RPP, il est même coupé de ses propres ressentis internes. Dans ce contexte, il se sentira mal compris, aura du mal à nouer des liens avec les autres.

2. Le réflexe de Moro, notre socle pour évoluer avec confiance et nous ouvrir au monde

Quand tout va bien, le RPP s’intègre dans le réflexe de MORO qui émerge à la fin du premier trimestre de grossesse. Le Moro est pleinement actif à la naissance. Lorsque le bébé sort, sa tête connait un important défléchissement. Cela va activer le réflexe de Moro qui va faire s’ouvrir encore plus le bébé autour de son axe et ainsi déployer sa cage thoracique, facilitant sa première inspiration.

Puis, durant le 1er trimestre, dès que la tête du bébé part en arrière (quand on le manipule, qu’on le pose sur le dos, qu’on le prend dans nos bras, quand il s’endort et que les muscles de son cou se relâchent), le réflexe de Moro se déclenche : 

-Le bébé va d’abord s’ouvrir sur l’axe de son corps en ouvrant ses mains, il prend une inspiration et la retient. 

-Puis il va se refermer sur lui-même et se met à pleurer. 

-L’adulte, qui le voit ou l’entend, va le prendre instinctivement dans ses bras. Ses câlins, ses caresses, ses bercements, son regard…vont faire redescendre les hormones de stress libérées par le Moro. Grâce à la réponse adaptée et rapide de l’adulte, le bébé retrouve rapidement son état équilibre sécurisé, produit de l’ocytocine, hormone du bien être, de l’amour, de l’attachement. Nourris de ces expériences, il pourra plus tard s’autoréguler et se sentir en sécurité, avoir confiance en lui.

Tout au long de notre vie, ce réflexe bien intégré pourra nous sauver la vie si nous glissons sur le sol et tombons en arrière. Il nous permet de nous raccrocher à quelque chose ou à la personne qui se trouve à côté de nous. Mais il ne doit ressortir qu’à ce moment là, sinon il va entraver toute notre vie émotionnelle.

En effet, sous l’influence d’un Moro non-inhibé, le cerveau de l’enfant et de l’adulte est en mode survie, le monde est perçu comme menaçant. Il est en hyper vigilance et ses sens sont en alerte. Hypersensible aux bruits, aux lumières, ou aux odeurs, parfois il n’aime pas être touché…Difficile de lâcher prise au moment de s’endormir le soir. Il peut être étiqueté « introverti », « peureux » ou alors « colérique », « intolérant à la frustration », ce sont les deux versants d’une même médaille.

La nouveauté est source de stress et il lui est difficile de faire des choix. 

Ce mode de fonctionnement fatigue, il a besoin de sucre pour recharger ses batteries mais l’effet ne dure pas. Une heure après sa collation sucrée, l’hypoglycémie guette, telle une bombe à retardement. A la moindre frustration ou au moindre grain de sable dans la routine si bien établie et si rassurante, c’est le drame. L’explosion de  colère est bien là, surtout après une journée où il a fallu faire des efforts pour gérer ce stress. 

Un haut niveau d’hormones de stress affaiblit son système immunitaire qui sera moins vaillant contre les maladies.

Difficile dans ce contexte d’apprendre librement. Quand l’organisme se sent menacé, il agit prioritairement pour sa survie, pas pour apprendre.

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3. Le réflexe de protection adulte, trop sollicité de part notre mode de vie

Vers 3/4 mois de vie, le réflexe de Moro s’intègre normalement dans un réflexe « adulte » de protection : sous stress (physique, émotionnel), on est tendu, dans sa tête mais en premier lieu dans son corps. La chaine de muscles à l’arrière de corps se contracte, notamment au niveau du tendon d’Achille, notre vigilance s’allume et nous allons adopter une des trois réactions suivantes :

-je fuis (j’ai peur, mon sang afflue vers mes jambes, « je prends mes jambes à mon cou »)  

-je me bas (je suis en colère, « le sang me monte alors à la tête »), et pour ça, je dois être bien stable dans mes jambes, mes appuis. Je tends mes jambes.

-je fais le mort (danger extrême, mon prédateur pense que je suis déjà mort), je me raidis de tout mon corps

Dans tous les cas, mes jambes se tendent, le creux des genoux est de moins en moins visible. Le corps est tiré en arrière comme un grand élastique et il devient plus difficile de participer, d’avancer dans la vie, d’avoir une bonne compréhension des évènements, de ce qui nous entoure…

Ce réflexe adulte est sain et peut nous sauver la vie. Le problème, c’est que nous l’activons beaucoup trop souvent par notre mode de vie (sédentarité, stress chronique, charge mentale, speed du quotidien et manque de sommeil…). L’appel de notre patron, les bouchons du matin, notre enfant qui est retard pour partir à l’école…tout devient source de stress. La faute à un monde moderne pour lequel nos besoins physiologiques sont en inadéquation.  (cf la lecture passionnante de l’animal exubérant de Franck Forencich)

A l’époque de la préhistoire, l’Homo Sapiens connaissait de très hauts niveaux de stress, mais sur des périodes courtes et limitées (lors de la chasse notamment) puis il revenait vite à un état d’équilibre, d’homéostasie. 

De nos jours, le stress est petit ou parfois grand, mais ne s’arrête jamais. Nous ne revenons plus à notre état de repos propice à une bonne santé. Beaucoup font avec, malgré tout, en attendent leurs vacances d’été pour décompresser !

Mais tout ceci n’est pas une fatalité ! 

A tout âge, on peut chercher à travailler sur ses réflexes archaïques pour les intégrer au mieux. On peut ainsi se libérer de peurs que l’on a depuis toujours et reprendre les rennes de sa vie. On peut apprendre à se détendre physiquement (car on se sent tendu…et on l’est, au sens littéral du terme). Corps et esprit ne font qu’un, nous ne sommes qu’un. 

En prenant soin de son corps et en intégrant ses réflexes archaïques, on peut mieux gérer son stress, retrouver une sensibilité adaptée et accroitre sa vitalité. Le monde est perçu comme plus sécurisé et nous pouvons alors nous ouvrir aux autres, nouer des relations durables, saines et enrichissantes. Et répondre ainsi à un de nos besoins vitaux en tant qu’être humain, celui de vivre ensemble.