Fondations
L'être humain, comment ça marche...bien ?
A la naissance, bébé a déjà 100 milliards de neurones et pourtant, son cerveau est très immature. Il est plaqué au sol par la gravité, bouge d’un bloc et ne contrôle pas grand chose de son corps. Et oui, ses cellules nerveuses ne se « parlent » pas bien, il manque les connexions !
Il lui faudra attendre environ 25 ans pour que son système nerveux soit mature, organisé avec un traitement rapide, efficace et économe, bref, pour qu’il atteigne son plein potentiel.
Pour qu’il puisse bouger facilement, de façon gracieuse et coordonnée, en mettant en défi la gravité. Pour qu’il puisse chanter comme un ténor ou parler plusieurs langues ou encore élaborer des théories scientifiques les plus abstraites, créer de magnifiques poèmes…et même créer une intelligence le surpassant à certains niveaux.
Alors il suffirait d’attendre 25 ans que ça se fasse ? Non, pas tout à fait. Si bébé ne bouge pas, son système nerveux fait du sur place. Son programme génétique hérité est un point de départ, certes, mais il aura surtout besoin d’eau, d’oxygène, d’énergie, d’amour… et d’intenses stimulations électriques provenant des mouvements de son corps pour faire croître ses connexions neuronales et organiser ainsi son cerveau.
1ère marche : notre programme moteur inné
Quelque soit notre origine ethnique, en tant qu’être humain, nous sommes tous dotés, dès notre conception, d’un programme moteur. Ce programme moteur inné, c’est le fruit de plusieurs centaines de millions d’années d’évolution, autant dire son importance ! Quand bébé vit ce programme pleinement, il stimule le plus efficacement son cerveau, tisse un nombre vertigineux de connexions et organise son système nerveux de façon optimale.
A la naissance, les mouvements de ce programme sont même testés par les pédiatres pour s’assurer qu’il n’y a pas de troubles neurologiques. il s’agit des fameux réflexes archaïques. Un stimulus donné va déclencher une réponse motrice réflexe, selon le même schème, de façon involontaire et stéréotypée. Ainsi, quand on met notre doigt dans la main de bébé, il n’a pas d’autre choix que de l’agripper !
Il en existe environ 70 dont la plupart émerge durant la vie intra-utérine. Ils assurent le maintien en position fœtale, puis le retournement du fœtus vers le 5ème mois, font beaucoup bouger bébé qui développe ainsi son tonus, préparent les bases du futur allaitement. Ils ont aussi une empreinte émotionnelle très forte, avec des impacts tout au long de la vie.
Lors de la naissance, le programme moteur est fortement activité avec le « branchement » de nombreux réflexes archaïques, tous à l’œuvre pour aider à la sortie physiologique par voie basse. Chaque contraction provoque des réactions réflexes qui permettent à bébé d’avancer dans le canal de la naissance, tout en régulant sa vitesse.
Dans de bonnes conditions, ils vont s’exprimer pour aider bébé à prendre le sein, et ce, même s’il dort ! L’allaitement est un booster énorme pour le système nerveux, avec une maturation des nerfs crâniens en lien avec l’alimentation, le langage, les émotions, le sommeil, l’attention…
Dans les heures qui suivent la naissance et durant les deux premières années, ils vont tisser les liens d’un attachement sécurisé qui rejaillira sur toutes nos relations futures, qu’elles soient amicales ou amoureuses.
Ainsi soutenu par ses réflexes archaïques et les comportements innés de sa mère, le bébé qui vient de naitre va pouvoir s’alimenter, se protéger, s’attacher, et bien sûr mettre en place sa motricité volontaire. Et il va ainsi câbler en profondeur son cerveau. Sur ces fondations, les réseaux neuronaux du langage et de la pensée pourront se tisser.
Les étapes motrices clés pour une marche mature
Les 3 premiers mois, bébé reste encore beaucoup fléchi en position fœtale. Ingrid Bayot parle du 4ème trimestre de la grossesse et c’est tellement vrai, tant il a besoin de continuité par rapport à sa vie fœtale. Un parentage proximal, une réponse adaptée aux peurs et pleurs de bébé, des bercements et du portage vont remplir sa jauge de sécurité intérieure, d’amour et de confiance en lui. Pendant ces 3 premiers mois, bébé bouge souvent de façon homologue (les deux bras bougent en miroir, les jambes aussi…)
Jusqu’à ses 6 premiers mois, bébé expérimente aussi des mouvements homolatéraux (un côté du corps actif, l’autre « éteint »), permettant à chaque hémisphère cérébral de maturer séparément.
Très à l’aise sur le dos, il découvre son corps et son environnement grâce à un ensemble de réflexes archaïques qui va brancher son attention visuelle et auditive. Il adopte souvent la position dite « de l’escrimeur » pour attraper l’objet qu’il a vu/entendu et qu’il suit avec sa tête, ouvrant son bras dans la même direction. Il allume alors un côté de son corps, un hémisphère cérébral. Il commence à mettre en place sa coordination oculomotrice, sa conscience de chaque côté et de sa ligne médiane, ses futures dominances (visuelle, auditive…).
Il trouve peu à peu les retournements pour évoluer en position ventrale, étape cruciale pour la suite ! Vers 6 mois, il a déjà acquis un bon tonus du dos et un très bon contrôle de sa tête (qui pèse 30% du poids de son corps). Il commence ainsi à faire travailler ses deux yeux ensemble, ses deux oreilles ensemble.
A partir de 6/8 mois, Bébé va commencer à ramper puis plus tard à marcher à 4 pattes. Ces mouvements croisés, associant les deux côtés du corps, préparent la marche croisée. Bébé va se déplacer ainsi pendant 6 mois !
Mais pour pouvoir ramper, encore faut-il que bébé ait bien intégré une dizaine de réflexes archaïques, qu’il les ait bien expérimentés avant et que chacun ait jouer son rôle. Le ramper est alors une étape joyeuse et forte car c’est la première fois qu’il peut aller chercher par de lui-même l’objet de sa convoitise. Il peut aussi revenir vers son parent et il goûte à un début d’autonomie en toute confiance.
Vers 6/8 mois, un réflexe archaïque de transition va l’aider à passer de la position allongée à la position quadrupédique. Il prend de la hauteur, permettant à son système visuel de traiter la profondeur, l’accommodation de près et de loin. (à l’école, ce sera nécessaire pour recopier du tableau à sa feuille…plusieurs centaines de fois par jour)
Par le balancement à 4 pattes puis la marche à 4 pattes, bébé intègre les systèmes clé de voute pour un bon équilibre une fois debout : le système visuel, vestibulaire et proprioceptif (le ressenti interne). Son équilibre physique et son ancrage solide au sol lui apportent alors une stabilité émotionnelle.
En rampant et en marchant à 4 pattes, bébé active les deux côtés de son corps et donc ses 2 hémisphères. Il va ainsi tisser des millions de connexions au niveau du corps calleux, véritable pont permettant aux 2 hémisphères de communiquer ensemble. Cela facilitera considérablement les apprentissages, notamment de types scolaires.
Ces étapes motrices de la première année font la part belle à la motricité globale, mais elles construisent aussi la motricité fine. Celle des mains notamment dans le ramper, le 4 pattes, la brachiation pour laquelle nous sommes faits en tant qu’Homo sapiens. Une dextérité manuelle fine indispensable à l’écriture quelques années plus tard.
Puis, bébé se met à marcher avec appuis puis librement et enfin de plus en plus efficacement vers l’âge de 3 ans, avec une marche croisée (où il alterne bras et jambe opposés). Il va gagner en équilibre, courir, sauter…
Sur cette base, il construit une latéralité claire vers 6/8 ans, indispensable pour lire, écrire, être clair dans son corps et dans sa tête. Sur la qualité de ce réseau neuronal, les zones plus corticales vont se câbler.
Après la fenêtre d’opportunité pour le câblage du corps de 0 à 7 ans, celle du langage opère entre 7 et 14 ans pour elle même servir de socle à celle de la pensée entre 14 et 25 ans.
Chaque étape se base sur celle qui la précède, telle une course de relai. Pour pouvoir raisonner et s’organiser mentalement, nous utilisons tout notre système nerveux et tous les cablages qui ont été construits par l’acquisition de la marche, de l’alimentation et du langage.
Je pense avec des mots et je parle avec tout mon corps, tout mon système nerveux.
Et si on saute une marche ?
La plupart du temps, tout va très bien. On a tous plus ou moins raté certaines marches mais tout n’est pas figé à 3 ans. Le cerveau va continuer à se développer sur ce socle et notre mode de vie va beaucoup l’alimenter. Si notre vie est remplie de curiosité, de mouvements vigoureux, de contacts avec la nature, d’amour, de rencontres enrichissantes et bienveillantes, d’une alimentation saine et d’un bon sommeil, notre système nerveux sera plus vitalisé que jamais. Par contre, si l’on reste chez soi, assis devant des écrans à ressasser nos soucis, sans interaction sociale, la nourriture donnée à notre système nerveux sera bien carencée…
Cependant pour certains, le programme s’est enrayé. L’enfant va continuer son développement, en accédant tant bien que mal (ou trop vite) à la marche mais avec des compensations dans son fonctionnement, des parasitages. Ces parasitages, parfois on ne les voit pas puisqu’on vit avec depuis toujours. Ce sont comme des petits cailloux dans la chaussure qui nous ralentissent et parfois même nous font mal.
L’enfant sera mal à l’aise dans con corps, tombe souvent, est malhabile, peu à l’aise dans les activités sportives et souvent rejeté par ses camarades de classe. Avec parfois des hypersensibilités tactiles, auditives…extrêmement désagréables occasionnant d’importantes gènes. Sans compter des peurs, des difficultés d’endormissement.
Petit, on en voit les prémices mais cela éclate souvent au grand jour dans le moule de l’école. Les apprentissages sont laborieux, l’attention insuffisante. La frustration, l’impulsivité font mauvais ménage dans une classe de 30 enfants. On lui donnera vite des étiquettes (paresseux, maladroit, bagarreur., rêveur…). Ses difficultés scolaires et relationnelles vont faire descendre en flèche son estime de lui-même.
Cela se voit à travers l’alimentation avec parfois des enfants qui avalent tout rond, mastiquent peu, bougent sans cesse à table. Ils mangent lentement, ce qui a vite tendance à crisper les parents. Sans compter les aversions alimentaires de textures, de goûts Et les peurs qui sont souvent associées à l’immaturité de la sphère orale. Certains phonèmes ne sont pas clairs, la voix parfois nasillarde ou toute fluette, proche du mutisme. La respiration sa fait parfois par la bouche, souvent ouverte, la dentition nécessitera à coup sûr une rééducation orthodontique.
L’adulte se construit sur ces bases là et vit avec tout ça bien au fond de lui, parfois sans en avoir conscience.
Et après les 1ères années, ça marche toujours ?
Le cerveau étant plastique, il évolue avec le mode de vie, l’alimentation, les activités, les accidents de la vie, le stress…
Dans notre vie quotidienne, sédentaire et surexposée aux écrans, les petits stress s’accumulent, deviennent chroniques et peinent à être évacués par le manque d’activité physique. Parfois, ce sont des accidents, des burn-out ou des dépressions.
C’est ainsi que nous perdons parfois accès à certains mouvements primordiaux que nous avions expérimentés étant petit.
A la place, notre système va perdre l’intégration de certains réflexes. Sous stress ou après un choc, certains réflexes archaïques de protection peuvent se réactiver, nous enfermant dans un mode de survie. Il devient alors plus difficile d’aller vers les autres, de mener ses projets à bien, d’y voir clair.
Revenir à notre programme moteur, une affaire qui marche
En s’appuyant sur TOUT le programme moteur grâce à la METHODE PADOVAN
Stimulation globale et complète, répétée et régulière pour (ré)organiser au maximum tout le système nerveux.
Pour les personnes ayant des défis importants et globaux (corporels, émotionnels, langagiers, cognitifs).
La force, c’est d’associer le travail du corps ET celui de la bouche, car nous sommes 1 (on ne peut séparer le corps de la sphère orale ! Les fonctions orales (respiration, succion, mastication et déglutition) préparent le « bien manger » mais aussi le « bien parler », la posture, l’attention et la concentration, la gestion des émotions, les rythmes d’éveil, de sommeil…)
En fortifiant certains maillons faibles avec les REFLEXES ARCHAIQUES
Pour l’atteinte d’un obectif ciblé. Les RDV sont mensuels et fonction de l’avancée des objectifs.
Ce travail permet de mieux comprendre son fonctionnement, ses points forts et ses points faibles. De retirer les petits cailloux et de faire naître de nouvelles ressources.
Il s’agit d’une approche éducative, l’apprenant repart avec un menu d’activités personnalisées à faire quotidiennement à la maison (5 min/jour). C’est lui qui se construit, se dote de nouvelles compétences. Il est ainsi acteur de son évolution.